Hommages | |
Mémoires vivantes |
Cette section vise à cultiver la tradition de la sémiotique à travers deux rubriques.
La première, consacrée aux « Hommages », vise à recueillir des portraits de chercheurs qui ont laissé une trace profonde dans l’histoire de la discipline. Souvent des paroles d’hommage sont rédigées après la mort d’un collègue ; cette pratique louable peut trouver une systématisation et une extension possible à travers des portraits ou des notes informelles sur des figures à réévaluer, du passé et du présent.
La deuxième rubrique, « Mémoires Vivantes », a pour objectif de promouvoir des écrits sur l’histoire de l’Association, sur la présence de la sémiotique en France, sur les échanges entre les sémioticiens et les autres communautés scientifiques, au-delà des lisières disciplinaires et des frontières nationales. Des petites reconstruction d’une phase de la sémiotique, des souvenirs sur la naissance de l’AFS ou sur l’évolution du séminaire de Paris, des précisions sur la constitution d’un groupe de recherche dans un site particulier, des petits écrits autobiographiques sur ses premiers contacts personnels avec le monde sémiotique, des narrations informelles sur des rencontres mémorables entre des intellectuels ou des artistes autour d’un sujet sémiotique, des interviews à même de valoriser la mémoire orale de la discipline, tout cela aura une pleine citoyenneté dans cette rubrique visant à combler des vides évidents entre les générations.
Un dessin d’un collègue, José Luis Vera Jiménez (Universidad Autónoma del Estado de México), qui nous a aimablement concédé les droits de reproduction, semble nous montrer le chercheur sémiotique face à deux tentations contradictoires : imposer des coordonnées cartésiennes tridimensionnelles à la perception du monde ou accepter les racines rhizomatiques de la signification expérientielle. L’homme, le dos tourné, semble essayer de tisser une suture possible entre les deux vocations sémiotiques, tout en ayant une position inconfortable, voire vertigineuse, à cheval entre deux espaces de pertinence. Derrière l’homme, un paysage plein d’antagonismes formels se révèle.
Si vers le bras de l’homme, un réseau de fil semble se disposer autour d’un poteau incliné, comme pour suggérer une trame de l’existence, en bas, ce qui pourrait être lu comme le grand mât de la vie se présente en revanche comme l’agent propagateur d’un vortex, tourbillon qui s’oppose tantôt aux palissades de la nature (voir encore plus en bas), tantôt aux axes verticaux du grand châssis des signes. S’il n’y a pas de solutions univoques et concluantes, on voit à gauche une partie du monde négligée par l’homme, où les palissades croissent et les tissus anthropiques se réduisent à des taches confuses.
Notre lecture n’est qu’une suggestion, par ailleurs différente de l’interprétation proposée par l’auteur ; mais il nous semble que dans sa complexité ce dessin laisse le métier du sémioticien dans un état d’interrogation qui peut bien symboliser la vocation de notre discipline. En tout cas, c’est une image dense d’implications dans lesquelles le site de l’AFS pourra se reconnaître.