Basso Pierluigi, Bertrand Denis & Zinna Alessandro. Utopies et Formes de vie. Mythes, valeurs et matières. Hommage à Paolo Fabbri (2019)

Utopies et Formes de vie.
Mythes, valeurs et matières.
Hommage à Paolo Fabbri

Présentation

Les mythes sont le véhicule le plus efficace pour transmettre des significations résistantes à l’effacement des codes éphémères des langages humains : malgré les transformations des langues qui les véhiculent, un récit ou un rite peuvent traverser indemnes les changements linguistiques sur des grandes échelles temporelles. Or, si rites et récits se préservent malgré les mutations des langues, cela est dû à leur codage dans le plan du contenu et aux pratiques chargées d’en amplifier et transmettre le sens. Une telle codification, peu sensible à la transmission adoptée, est confiée aux pratiques qui ont le plus de chances de pérenniser la transmission de l’information. Par l’institution d’un culte, la répétition rituelle se charge de sa transmission aux générations suivantes.
Le rapport de la mythologie au temps pose pourtant plusieurs ordres de problèmes. Le plus souvent les mythes relatent les grands événements du passé afin d’en préserver la mémoire : grâce aux récits des origines ils proposent les mythes de fondation théogoniques ou cosmogoniques. Suivant les Mythologiques de Claude Lévi-Strauss, Roland Barthes a déplacé l’intérêt vers les petites mythologies du présent. Par cette mythologie mineure, il recherche le sens efficace des objets au quotidien. Enfin, s’éloignant de la mythologie rétrospective et des mythologies du présent, les récits des événements à venir interrogent le temps futur. À ces discours se présentant sous le mode de la divination ou de la prophétie, la modernité substitue les discours de la prédiction et de la prévision. Des les cultures que Descola appelle « naturalistes », ce sont le plus souvent les récits scientifiques qui jouent le rôle de grandes narrations : celles de l’utopie du « durable » ou de la dystopie de la catastrophe annoncent les formes de vie que nous réservent les scénarios à venir.

 

Pierluigi Basso Fossali est professeur en sciences du langage à l’Université Lumière Lyon-II. Membre du Laboratoire ICAR auprès de l’ENS de Lyon, il préside l’Association Française de Sémiotique. Il est l’un des fondateurs de la revue Signata — Annales des Sémiotiques et membre de son comité de direction. Il a notamment publié « La communication à l’épreuve du geste numérique”, MEI (Médiation et information), n° 47, 2019 (avec M. Colas-Blaise et M. G. Dondero) ; L’appropriation : l’interprétation de l’altérité et l’inscription du soi, Lambert-Lucas, 2018 (avec O. Le Guern) et Vers une écologie sémiotique de la culture : Perception, gestion et réappropriation du sens, Lambert-Lucas, 2017.

Denis Bertrand est professeur à l’Université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis et
au Nouveau Collège d’Études Politiques (NCEP, Comue Paris-Lumières. P8&P10). Il est ancien président de l’Association Française de Sémiotique (2013-2017). Ses travaux explorent les domaines de la littérature, du social, du médiatique et du politique, ainsi que du visuel. Il travaille également sur les relations entre sémiotique et rhétorique. Il a publié plusieurs ouvrages (L’espace et le sens, 1993 ; Parler pour convaincre. Rhétorique et discours, Gallimard, 1999 ; Précis de sémiotique littéraire, Nathan, 2000 ; Parler Pour gagner. Sémiotique des discours de la Présidentielle 2007, Presses de Sciences Po, 2007), plus de 150 articles, et co-dirigé de nombreux livres collectifs (notamment : Régimes sémiotiques de la temporalité, PUF, 2006 ; La transversalité du sens, PUV, 2007 ; La négation, le négatif, la négativité, Actes sémiotiques, 2014 ; La parole aux animaux, Fabula, 2018).

Alessandro Zinna est professeur des universités, et directeur de recherche
responsable du groupe Médiations Sémiotiques de l’Université de Toulouse II – Jean Jaurès. Il est secrétaire général de la Fédération Romane de Sémiotique et président de l’association CAMS/O gérant les colloques d’Albi. Son champ de recherche va de la sémiotique générale (il est spécialiste de L. Hjelmslev), à la sémiotique des images, des objets et des nouvelles technologies. Parmi ses publications : Elementi di semiotica generativa, Bologne : Esculapio, 1991 (en collaboration avec Francesco Marsciani, introduction d’A. J. Greimas) ; Hjelmslev aujourd’hui, Bruxelles, 1997 ; Le interfacce degli oggetti di scrittura, Rome, 2004 ; Les Objets au quotidien (codirection avec J. Fontanille), Limoges, 2005 ; La inmanencia en cuestión, vol. I-III (codirection avec L. Ruiz Moreno), Tópicos del Seminario, n° 31, 32, 33, 2014-15.