Avec le décès de Paolo Fabbri c’est un âge d’or de la sémiotique qui continue à disparaître.
Paolo fut l’un des premiers collègues que j’ai rencontré autour de Greimas en intégrant l’EHESS au début des années 70 et c’est grâce à lui que j’ai pu établir des relations étroites avec le groupe d’Umberto Eco à Bologne. Je lui dois énormément.
Innombrables et inoubliables sont les souvenirs liant à l’EHESS la sémiotique, les historiens de l’art (en particulier Damisch, Marin, Arasse, Careri), certains mathématiciens du CAMS (Centre d’Analyse et de Mathématique Sociales), Bologne, Urbino et l’Institut Culturel Italien. La vie de Paolo se confond avec celle-ci.
Notre organisation du Colloque de Cerisy « Au nom du sens : autour de l’œuvre d’Umberto Eco » (1996) fut un grand moment. Et aussi nos discussions lors du Congrès du Centenaire de la naissance de Greimas. La communauté s’est parfois amusée de nos différences de sensibilité littéraire VS mathématique, c’était un jeu actantiel très amical.
Penseur infatigable de la créativité culturelle dans toutes ses dimensions artistiques, sémiotiques et communicationnelles, Paolo en a incarné l’interdisciplinarité. Il en fut le meilleur des hérauts.
Jean Petitot
Directeur d’études émérite à l’EHESS
Centre d’analyse et de mathématique sociales